Vendredi dernier, à 9h30, j'ai embarqué pour un voyage fantastique jusqu'à 14h15 ! Oui, environ 4h30 de magie, une plongée dans ce que le cinéma peut nous apporter de plus beau.
Des cadres sompteux, des mouvements de caméra jamais inutiles, une histoire ou plutôt des histoires pour lesquelles nous n'aurions en temps normal pas d'intérêt majeur. Qui plus est en costume d'époque, ce que généralement je n'aime pas du tout ! Et à peine commencé on se trouve pris dans le film, on oublie le temps, on plonge, on s'immerge et on sort complètement transformé.
Pas un seul instant je n'ai pensé à l'extérieur, à la vie de chaque instant qui trop souvent interfère dans un film moyen et qui bouscule toute la perception qu'on en a.
La maîtrise du temps est certainement le premier facteur de la réussite de ce film. Le rythme est proche du réel et pourtant complètement irréaliste. Enfin, un film où le temps qui passe participe de notre engagement dans le récit. On devient si proche des personnages que l'on croit vivre avec eux.
La perfectio de l'usage de la lumière est aussi un facteur essentiel. Rarement au cinéma l'utilisation de la lumière, de la luminosité, des effets d'éclairage joue un tel rôle. On se croirait dans la vie réelle, et là encore, il s'agit de cinéma. L'impression saisissante de se trouver par moment devant un tableau vivant.
Nos sentiments, nos impressions sont subtilement activées par le récit, mais aussi en permanence par ce jeu magnifique des changements de teintes, de valeurs, de contraste apporté par les jeux d'éclairage. Un véritable accompagnement psychologique encore plus subtil que celui que la musique peut apporter.
Une histoire de passion, de passions humaines, qui nous renvoit à nos actes, nos décisions, et à cette question lancinante :
Nos désirs, nos passions peuvent-ils déterminer nos actes ? Jusqu'à quel point ? Comment vivre sans en tenir compte ? Comment ne pas se limiter à une petite survie en les étouffant ? Les risques pour soi-même ne sont pas les plus inquiétants. La question complémentaire est celle de la vie de ceux qui reçoivent ces passions !
De nombreux articles évoquent les aspects techniques, la qualité du scénario, le travail magistral de prise de vue et de réalisation comme étant le plus beau film de Raoul Ruiz.
Il faut trouver le temps, le film mérite d'être vu au cinéma, d'une traite et pas découpé comme prévu en plusieurs morceaux pour une future diffusion télévisée. La vie ne se découpe pas en morceaux, même si parfois on pourrait le souhaiter !