Au salon de la photo, l'exposition de photos de Sabine Weiss m'a fait penser au regard que portait mon père aux gens qu'il aimait mettre en valeur par ses clichés. il est vrai que le format 6x6 du Rolleiflex n'est sans doute pas étranger à cette sensation, ainsi que l'utilisation du noir et blanc. Mais la technique ne remplace pas le regard. L'argentique participe aussi à la prise de vue. Il est certain que le déclic, ce moment fugace où l'on se décide à prendre sa photo lorsqu'on travaille en argentique est très différent de celui du numérique. On réfléchit autrement. Ou bien peut-être sachant qu'il faudra développer, puis tirer on se projette plus et on cadre avec davantage d'attention qu'en numérique. On connait plus la chaine qui aboutira au résultat. Et surtout, comme on ne peut pas vérifier aussitôt, on regarde davantage son sujet.
L'intensité est au rendez-vous !
J'ai été frappé dans ce salon par la propension des photographes ou devrai-je dire des preneurs de photos, suréquipés à ne pas regarder avant de déclencher, à ne pas prendre la peine d'établir une quelconque relation entre le sujet et eux mêmes et à passer finalement plus de temps à regarder leur prise dans leur appareil photo après coup plutôt qu'avant...
Le Rollei permettait d'établir cette relation. Et d'ailleurs il nous y obligeait puisqu'il fallait aussi mesurer au préalable avec une cellule indépendante de l'appareil de prise de vue la lumière afin de calculer le temps et la vitesse d'obturation. Mais surtout, il fallait regarder autrement.
En tous cas, les photos de Sabine Weiss et son interview m'ont touché.
il faut la découvrir si on ne la connait pas sur son site internet : link ou par cette émission sur RFI : link et aussi par le dossier qui lui est consacré dans le cadre du salon de la photo : link
Bref un réel plaisir dont il ne faut pas se priver.
L'initiative de demander à 9 photographes de livrer leur interprétation à partir d'un photo de Sabine Weiss en fournissant leur propre cliché constitue également une initiative très riche !